L’Histoire de Kieu et la Jeunesse (II)
Đặng Quốc Cơ
I. INTRODUCTION
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II. RESUME DE L’OEUVRE
IV. VALEUR MORALE ET MODERNITE DU TRUYEN KIEU
V. VALEUR LITTERAIRE DU “L’HISTOIRE DE KIEU” RENCONTRE ORIENT OCCIDENT AU SOMMET DE L’OLYMPE
I. INTRODUCTION
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II. RESUME DE L’OEUVRE
L’intrigue est simple. Cependant le lecteur est avisé qu’au Vietnam comme en Chine subsiste la famille patriarcale et que la polygamie, sans être la règle, est tolérée par les mœurs. Cet avertissement permettra au lecteur de suivre l’histoire sans surprise.
Le sujet du poème est tiré d’un médiocre roman chinois, mais on sera simplement juste envers Nguyễn Du en déclarant tout de suite qu’il n’est pas moins original en tirant le sujet de son long poème d’un roman chinois de second ordre que Corneille en empruntant le sujet du Cid au Romancero espagnol ou que la Fontaine en puisant le sujet de ses fables chez Esope. André Maurois a dit: “Le sujet n’est rien, c’est la forme qui assure la valeur, la durée des œuvres”.(1)
C’est pourquoi le Truyên Kiëu, comme le Cid, n’est pas une traduction, c’est une véritable création.
Résumé de l’ œuvre. Sous la dynastie de Minh (Ming) en Chine”, dans la période de Gia-tinh (Jiajing) (1522-1567) vivait un brave homme de bourgeois du nom de Vương. Il avait deux filles, Kiều et Vân, et un garçon, Quan. L’ainée Kiều, l’héroïne du poème, était belle à rendre les fleurs jalouses, à renverser par la puissance d’un sourire citadelles et empires. Pourvue de tous les dons, elle cultivait avec un égal bonheur poésie, peinture, luth, musique, et création musicale (v. 15-38).
Au cours d’une visite printanière aux tombeaux, une sorte de Toussaint (v. 39-58), elle pleura sur la tombe d’une ancienne courtisane Đạm Tiên qui devait lui apparaître en songe par la suite pour lui annoncer son infortuné destin. Elle entrevit un jeune homme du nom de Kim (v.133-170; 181-182; 243-568), les deux jeunes gens s’aimèrent d’abord en secret sans s’être parlé, puis se revirent pour échanger des serments d’amour pour les trois existences devant la splendeur de la lune.
Un deuil, la mort de son oncle rappela le jeune Kim à son village lointain et ce fut la grande douleur de la séparation. Le jeune Kim parti, une dénonciation calomnieuse traina le père de la jeune fille en prison. Pour sauver son père, Kiêu s’offrit de se vendre pour devenir la femme de second rang d’un certain Mã Giám Sinh (l’étudiant du nom de Mã).
Avant de quitter le foyer paternel, elle recommande à genoux à sa sœur Vân d’épouser à sa place son fiancé Kim, pour payer ainsi pour elle sa dette d’amour (v. 693-758). Elle fait route pour Lâm-Truy (v.907-918) domicile de son “mari”, dans la brume et sous la bise d’automne. A l’arrivée, c’est la “Maison Verte”. Elle comprend le stratagème de la tenancière Tu-ba et de son “mari” souteneur, et tente de se suicider. Tú-bà cherche à l’amadouer, promet de ne plus la contraindre à des amours passagères. Elle attendra tranquillement un parti convenable, un fils de famille, dans le Pavillon de Ngân-Bích (v. 1033-1054)
Tú-bà envoie un suborneur à la mise élégante, à l’aspect soigné, piéger Kiều en organisant la fuite. Rattrapée par Tú-bà, fouettée, ruisselante de sang, elle promet de se corriger de ce reste de pureté qui subsiste encore en elle.
Dans la “Maison Verte” s’abaissent les rideaux roses (v. 1227-1268). Un jeune lettré, riche, noceur, Thúc Sinh (v. 1275-1368) tombe éperdument amoureux d’elle: rachète sa liberté, l’épousa en second rang. Après un an de bonheur tranquille, Kiëu inquiète conseille à Thúc Sinh de revenir au foyer pour prendre des nouvelles de la dame Hoạn, sa première femme, fille de ministre, dans le but de sonder et régulariser la situation matrimoniale. Départ de Thúc Sinh (v. 1499-1788).
Hoạn Thư procède au kidnapping de Kiều, l’amène à son palais comme servante, l’oblige à servir à genoux elle et son mari qui, trop faible, ne peut qu’essuyer ses larmes en cachette, (scène de jalousie 1871-1872).
Féroce, malicieuse, perverse, elle garde cependant dans son cœur un brin de compassion (ce qui la sauvera plus tard), elle laissera Kiều s’isoler dans une pagode et renoncera à la poursuivre quand Kiều s’enfuit avec quelques objets de culte volés (v. 2027-2032).
Kiều trouve refuge dans la pagode de Giác Duyên mais retombe dans la prostitution. Elle y rencontre un chef de guerre valeureux Từ Hải (v. 2165-2230). Le héros au grand cœur, la femme noble et belle connaissent un hymen heureux. Au bout de six mois, “l’Aigle” prend son essor vers les grands espaces pour fonder son “empire” (v. 2231-2248). Retour triomphal de Từ Hải (v. 2249-2472).
Par compassion pour le peuple et nostalgie du pays natal, Kiều conseille à Từ Hải de se rallier à Hồ Tôn Hiến, plénipotentiaire de l’Empereur, qui le trahit. Từ Hải meurt vaillamment! Faite prisonnière, Kiều est déshonorée et obligée de jour du luth (v. 2565-2580) devant Hồ Tôn Hiến. Celui-ci la force à épouser un chef de tribu. Kiều se jette dans le fleuve Tiền Đường pour ne pas survivre à son mari dont elle a causé la mort, et pour mettre un terme à son déshonneur. Son karma n’ayant pas encore épuisé tous ses effets, elle est sauvée des eaux par une bonzesse, devient bonzesse elle-même. Par ses bonnes actions, son karma est transformé par le Ciel, et son nom retiré de la liste des filles “au destin fatal”.
Kim ne cesse de penser à Kiều (v. 2847-2856) la cherche pendant 15 ans, la retrouve dans sa pagode (v. 3131-3190) et la supplie de revenir à lui. Kiều refuse le mariage avec Kim qu’elle aime toujours mais dont elle s’estime maintenant indigne après tant de flétrissures. Sur les insistances de ses parents du jeune homme, de sa sœur devenue entre-temps la femme de Kim, suivant la suprême recommandation de Kim, l’héroïne du poème consent enfin à s’unir par un mariage blanc à celui qu’elle n’a cessé d’aimer. Elle lui joue du luth (v. 3191-3214), en transposant le mode mineur d’autrefois en accords majeurs.
Conclusion philosophique du poème (3241-3252).
Le résumé a été un peu détaillé pour faliciter la compréhension aux lecteurs qui ne voudraient lire que les extraits traduits en anglais par Huỳnh Sanh Thông et en français par Xuân Phúc.
Sur cette histoire d’amour assez simple, le génie de Nguyên Du bâtit un poème de toute beauté, d’une beauté si profonde, si humaine et si poignante qu’à sa lecture, les lannes ruisselent souvent des yeux des Viêtnamiens.
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(1) M. Durand, Mélanges sur Nguyễn Du, EFEO, p.13S.
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Suite
III. “L’HISTOIRE DE KIEU” ET LA JEUNESSEIV. VALEUR MORALE ET MODERNITE DU TRUYEN KIEU
V. VALEUR LITTERAIRE DU “L’HISTOIRE DE KIEU” RENCONTRE ORIENT OCCIDENT AU SOMMET DE L’OLYMPE
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